Bonjour à toutes et à tous!
Aujourd'hui, je vous partage une petite perle, une gravure de 1742 expliquant de manière satirique les causes de la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748).
Ouverture du bal solemnel que les puissances de l'Europe ont tenus à la grande salle germanique, par Arendt Van Huissteen, Amsterdam, 1742 (disponible sur Gallica)
Dans sa biographie de Maurice de Saxe de 1992, l'historien Jean-Pierre Bois en fait la description
suivante:
"Sous l'éclat des lustres, la reine de Hongrie vient d'ouvrir la danse avec l'électeur de Bavière, qui donne la fête; mais, déjà fourbu, il s'éponge, tandis que la reine s'avance vers un cavalier plus résistant, le roi de Prusse. Fleury fait les honneurs, Belle-Isle exhorte chacun à danser, mais beaucoup se récusent. Stanislas ne sait que des polonaises, le roi d'Angleterre attend une gigue, la reine d'Espagne voyant ses fils décidés à ne danser qu'un quadrille, esquisse un cavalier seul, ou "folie d'Espagne"; le roi de Sardaigne brûle de l'accompagner. Dans le fond, un tripot tenu par les Vénitiens. Ailleurs, le pape s'épuise en un discours que personne n'entend, cependant que les électeurs ecclésiastiques dirigent un orchestre cacophonique formé par les petits États. On y voit même Élisabeth de Russie, le roi de Corse, sorte d'Arlequin masqué, l'empereur turc. Ainsi apparaît aux contemporains la guerre de Succession d'Autriche."
Une petite contextualisation de ce conflit s'impose. L'empereur du Saint-Empire romain germanique, le Habsbourg Charles VI, avait passé les dernières années de sa vie à tenter de faire reconnaître sa fille Marie-Thérèse d'Autriche comme héritière des possessions des Habsbourg que sont l'Autriche, la Hongrie, la Bohême, les Pays-Bas autrichiens (actuelle Belgique). Seule la couronne impériale n'était pas officiellement héréditaire, quoique officieusement promise aux Habsbourg. À la mort de Charles VI en 1740, plusieurs souverains ayant reconnu l'héritage de Marie-Thérèse reviennent sur leur parole. Le principal d'entre eux est l'électeur de Bavière, qui rentre en guerre contre Marie-Thérèse pour obtenir entre autres la couronne impériale, tandis que le nouveau roi de Prusse Frédéric II attaque l'Autriche pour son propre compte. La France de Louis XV, sous la direction du cardinal Fleury, veut rester neutre, malgré les pressions anti-autrichiennes du maréchal de Belle-Isle et du beau-père du roi, l'ancien roi de Pologne Stanislas Leszczynski. La France participe dans un premier temps à la guerre en tant qu'alliée de la Bavière (tout comme l'Espagne), bien qu'étant en paix avec l'Autriche, à qui elle déclare la guerre en 1744. Marie-Thérèse peut compter sur l'aide de la Grande-Bretagne, qui comme la France ne rentre officiellement dans le conflit qu'en 1744 (ce qui n'empêche pas les deux nations de s'affronter avant, malgré la paix officielle entre elles). Après les campagnes du maréchal de Saxe dans les Flandres entre 1744 et 1748, la victoire revient incontestablement à la France de Louis XV qui, dans un but d'apaisement et d'éventuelle alliance avec l'Autriche (qui se concrétisera quelques années plus tard), rend toutes ses conquêtes.
N'hésitez pas à me poser vos questions en commentaires, il me fera plaisir de discuter avec vous de la complexité de ce conflit (dont le résumé en quelques lignes n'est pas des plus simples!)
Michel Thévenin
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