lundi 8 novembre 2021

Un documentaire américain sur le siège du fort William Henry

Bonsoir!

Je vous présente aujourd'hui un bref compte-rendu d'un documentaire américain sorti cet été, ayant pour sujet le siège par les Français du fort William Henry, à l'été 1757 (voir la présentation sur le site du documentaire ici). Le dvd du documentaire est disponible sur le site au prix de 20 dollars américains. Petite précision/avertissement: ce documentaire est uniquement en anglais, sans sous-titres.

Son réalisateur, Erik Swanson, n'est pas historien et ne prétend nullement l'être. Il n'a pas souhaité ici  analyser les éléments du siège de William Henry, son documentaire est plutôt une présentation du discours des contemporains de l'événement selon une sélection choisie (mais limitée) de sources. Je reviendrai plus loin sur ce point.

La structure du documentaire propose une très (trop) longue introduction générale du contexte de la guerre de Sept Ans, essentiellement en Amérique mais également avec une évocation du contexte européen (bon point), et de la construction du fort William Henry par les Britanniques sur la rive sud du lac George. Ce n'est qu'après vingt minutes (sur un documentaire d'à peine plus d'une heure) qu'on entre dans le vif du sujet, à savoir l'année 1757 et plus précisément la campagne de l'été, qui voit le siège victorieux du fort par les Français menés par le marquis de Montcalm, et le massacre d'une partie de la garnison vaincue par les alliés autochtones des assiégeants. Le propos principal s'étend sur une quarantaine de minutes (une demi-heure pour le siège et une dizaine de minutes pour le massacre), le documentaire se terminant par une très brève conclusion de deux minutes.

Un premier point positif que je souhaite souligner: ce documentaire est visuellement très intéressant. J'ai personnellement beaucoup apprécié les animations 3D proposées ici, leur esthétique se rapprochant parfois de celle de jeux vidéos de la fin des années 1990 et du début des années 2000, ce qui n'est pas pour me déplaire.

Comme une petite ressemblance avec les cartes des campagnes d'Age of Empires II, non?






Petit regret toutefois, le fait que tous les soldats français soient représentés comme appartenant aux troupes de la Marine, alors que celles-ci ne représentaient qu'une partie de l'armée française, qui comptait par exemple 2500 soldats des troupes de Terre. Cette généralisation est sans doute due à une volonté de facilité dans la réalisation des animations, il n'empêche que je trouve que c'est dommage, et que cela aurait été évitable.












La narration du documentaire s'appuie tant sur des sources iconographiques d'époque (une vue de la ville de Montréal par exemple ou une gravure britannique contemporaine présentant la bataille du lac George du 8 septembre 1755) que plus tardives (une gravure d'un journal canadien du dernier tiers du XIXe siècle représentant la reddition des forts d'Oswego en 1756), ainsi que des prises de vues actuelles des lieux concernés. Il y a toutefois hélas une certaine confusion dans l'utilisation de ces images par moments, par exemple, lorsque le propos évoque le siège des forts d'Oswego en présentant à l'écran des images actuelles du fort Carillon...

Autre bon point, l'utilisation correcte du drapeau britannique. Trop souvent, que ce soit dans des fictions historiques ou dans des documentaires, le drapeau britannique utilisé est celui que l'on connaît actuellement, qui n'apparaît qu'au début du XIXe siècle (lorsque l'Irlande est intégrée au Royaume-Uni). Pour le XVIIIe siècle, le drapeau britannique est légèrement différent, puisqu'il ne contient pas la croix rouge en diagonale. C'est donc un point positif à mon sens de voir que le réalisateur de ce documentaire n'a pas fait l'erreur commune d'utiliser un drapeau erroné.

Une grosse erreur qui vient en quelque sorte contrebalancer ceci est celle de la carte qu'on aperçoit dans les premières minutes du documentaire, visant à présenter le contexte géographique des colonies françaises et britanniques. Ici, la Nouvelle-France est amputée des territoires au nord du Saint-Laurent (ce qui fait que sa capitale, Québec, n'est même pas en Nouvelle-France!) et à l'ouest du Mississippi, la Nouvelle-Écosse est occupée à moitié par les Français et à moitié par les Britanniques (alors que dans les années 1750, la frontière entre les possessions des uns et des autres est assez nettement marquée par l'isthme de Chignecto, qui est aujourd'hui la frontière entre les provinces canadiennes de Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick), et l'Île Royale (actuelle Île du Cap-Breton) est tout simplement inoccupée, occultant de ce fait l'existence de la puissante forteresse de Louisbourg...











Dans la même lignée, le propos accompagnant cette carte évoque la population de la Nouvelle-France, en la limitant à une présence éparse parmi les forts isolés, sans dire un mot de l'existence de villes importantes à l'échelle nord-américaine pour l'époque comme Québec, Montréal, Trois-Rivières et Louisbourg...

Ma critique principale porte toutefois sur le traitement des sources. Certes, comme je l'ai déjà écrit plus haut, le réalisateur n'a pas voulu faire un travail d'historien, en laissant la parole aux acteurs et témoins du siège de 1757, qu'ils soient français ou britanniques. Il n'empêche que les sources choisies sont parfois mal exploitées. Côté français, on note la présence des écrits du père Roubaud, jésuite missionnaire auprès des Abénakis, mais surtout des journaux du marquis de Montcalm et de son aide-de-camp Louis-Antoine de Bougainville. Certes, ces deux officiers sont parmi les plus connus de l'armée française assiégeant le fort, mais ils ont surtout une plume très semblable, et pour cause, le journal de Montcalm a été partiellement rédigé par Bougainville, qui s'est inspiré de son propre journal de campagne! Disons que la présence de l'un rendait celle de l'autre dispensable... On pourrait me dire alors que le réalisateur a choisi les sources françaises traduites en anglais, certes, mais alors, pourquoi avoir oublié le très intéressant journal de Malartic, lui aussi publié en anglais (voir ici)?

Du côté britannique, les sources sont plus diverses, mais le réalisateur n'a pas fait la moindre critique de ces sources, et a tout accepté comme parole d'Évangile. Par exemple, il cite à un moment un écrit de l'ingénieur britannique Montrésor, qui évoque un interrogatoire d'un prisonnier français. Il donne alors à cette occasion une estimation très exagérée de la force de l'armée de Montcalm. C'était assez commun d'avoir des informations partiellement ou totalement fausses lors des interrogatoires de prisonniers ou de déserteurs, parfois de manière volontaire (pour désinformer l'ennemi). Je vous invite à lire à ce propos la thèse déposée à l'automne 2020 à l'Université Laval par mon grand ami Joseph Gagné, qui a travaillé sur le renseignement militaire dans l'armée française en Amérique pendant la guerre de Sept Ans, thèse qui est disponible ici.

De même, les sources britanniques présentent le raid hivernal mené par les Français contre le fort William Henry comme un glorieux fait d'armes pour la Grande-Bretagne, soulignant la valeureuse défense de la garnison face à l'attaque franco-canadienne. Toutefois, ce raid est surtout un échec français plus qu'une victoire britannique. Les objectifs de l'attaque (capturer ou détruire le fort William Henry) ne sont que partiellement remplis au vu des sommes engagées, puisque si les attaquants ont pu brûler une grosse quantité de matériel militaire qui aurait pu être utilisé pour une invasion de la Nouvelle-France, le fort n'est nullement inquiété, et surtout, les officiers franco-canadiens se sont humiliés en faisant preuve d'un certain amateurisme (que j'évoque dans un autre article, voir ici). Un exercice, même minimal, de critique et de croisement des sources aurait donc pu éviter un propos très orienté et incomplet à ce sujet.

Mon dernier regret concerne la conclusion, qui est hélas bien trop rapide (surtout en comparaison de la très longue introduction de contexte). Il aurait été judicieux de présenter les suites et conséquences du siège du fort William Henry et du massacre, comme l'impossibilité pour Montcalm d'attaquer le fort voisin d'Edward et donc d'envahir la colonie de New York, en raison de pénuries d'approvisionnement, ou encore les dissensions entre les Français et les Autochtones faisant suite au massacre (ce qui aura des conséquences sur la suite de la guerre), ou bien le fait que les Britanniques vont constamment utiliser le prétexte de ce massacre pour se permettre une escalade de la violence jusqu'à la capitulation de la Nouvelle-France en septembre 1760 (j'ai évoqué le sujet dans une conférence d'une vingtaine de minutes en 2018, dont la vidéo est disponible ici).


Au final, c'est un documentaire somme toute assez correct, mais qui a ses limites quant au traitement des sources. Il s'agit d'un assez bon premier coup d'oeil pour apprendre à connaître l'événement, malgré plusieurs petites erreurs et approximations, mais ce documentaire n'a rien de révolutionnaire pour la compréhension de ce siège. 

Comme annoncé au début de cet article, le documentaire est disponible (en anglais uniquement) au prix de 20 dollars américains (voir ici).

Je vous laisse sur quelques vues supplémentaires des animations du documentaire, que je trouve personnellement assez agréables.


































À bientôt pour de nouveaux billets historiques!

Michel Thévenin


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dimanche 24 octobre 2021

Pénurie par piraterie: les ingénieurs militaires capturés sur l'Alcide et le Lys

Bonjour!

Je vous reviens aujourd'hui avec un article un peu particulier, puisqu'il s'agit d'une version abrégée d'un texte que j'ai rédigé pour le quatrième numéro de la très belle revue Nouvelle-France, Histoire et Patrimoine, qui est maintenant disponible en librairie! J'en profite pour remercier mon ami Joseph Gagné pour sa suggestion de titre pour cet article, ainsi que Laurent Veyssière, historien et rédacteur en chef de la revue, pour son autorisation de présenter mon article sur mon blogue.

Cette revue est disponible sur le site des Éditions Soteca. Au Québec, vous pouvez trouver ce quatrième numéro chez Archambault ou Renaud Bray, et j'imagine qu'il est possible de le commander dans les librairies locales.


Le 8 juin 1755, alors que la France et la Grande-Bretagne sont officiellement en paix, deux navires français, l'Alcide et le Lys, sont capturés au large de Terre-Neuve par une escadre britannique commandée par l'amiral Edward Boscawen. Cet acte de piraterie, présenté par les sources françaises contemporaines comme un véritable "attentat", est assez connu et est souvent utilisé pour illustrer l'escalade de tensions entre les deux puissances ayant mené au déclenchement de la guerre de Sept Ans en 1756. Ce sont plus de 400 soldats et officiers, destinés à renforcer les défenses de la Nouvelle-France, qui sont fait prisonniers par les Britanniques. On connaît toutefois moins la présence parmi les infortunés passagers de trois ingénieurs militaires, dont la capture prive le Canada du renfort précieux d'experts scientifiques de la guerre. J'avais déjà présenté à plusieurs reprises l'importance des ingénieurs militaires dans l'art européen de la guerre au XVIIIe siècle ainsi que leur faible nombre au Canada, je ne le referai pas ici, je vous invite plutôt à lire mon article d'introduction sur le sujet (voir ici).

The Capture of the "Alcide" and "Lys", 8 June 1755, artiste inconnu,
National Maritime Museum, Greenwich (Royaume-Uni)


Il convient ici de présenter brièvement ces trois ingénieurs militaires capturés tous trois à bord de l'Alcide.

Jacques Dumoulin est né à Sedan le 12 septembre 1720, dans une famille de la bourgeoisie de la ville. Il entre dans l'armée au début de la guerre de Succession d'Autriche et participe à la campagne de Bohême de 1741-1742 comme lieutenant d'infanterie et ingénieur volontaire, c'est-à-dire faisant les fonctions d'ingénieur militaire sans en posséder le titre (voir l'article que j'ai consacré aux nuances à faire dans les différentes appellations des ingénieurs militaires). Après la guerre, il est "régularisé" en 1748 en obtenant son brevet d'ingénieur ordinaire, et il est affecté à Saint-Omer, où il semble rester jusqu'à son envoi au Canada en 1755.

Antoine Geoffroy, sieur du Bourguet, voit le jour à Draguignan le 6 juillet 1725 dans une famille de la bourgeoisie provençale. Il participe à la guerre de Succession d'Autriche à partir de 1744 au sein d'un régiment de dragons, tout en agissant comme ingénieur volontaire sur les fronts provençal et italien. Il fait partie des premiers ingénieurs volontaires formés à l'école de Mézières (à laquelle j'ai consacré un article, voir ici) entre 1748 et 1749, et il en sort le 1er janvier 1750 avec un brevet d'ingénieur ordinaire. Il sert ensuite à Toulon jusqu'en 1755, année de son affectation au Canada.

Enfin, Étienne Aguiton, sieur des Roches, naît le 6 novembre 1729 à Dieppe. Il est lui aussi élève à Mézières dans les premiers mois de 1750, et en sort en juillet de la même année avec son brevet d'ingénieur. Il est alors affecté à Grenoble, où ses talents sont utilisés pour cartographier le Dauphiné, puis il est désigné au début de l'année 1755 pour aller servir au Canada.

Ces trois ingénieurs possèdent donc une expérience non négligeable avant leur envoi au Canada, allant de cinq à sept années de carrière au sein du corps des ingénieurs. Deux d'entre eux ont même une expérience antérieure du métier d'ingénieur par leurs services comme ingénieurs volontaires lors de la guerre de Succession d'Autriche. Ces trois ingénieurs militaires disposaient donc d'un bagage les rendant à même de contribuer efficacement à la défense du Canada.

Quelques sources conservées aux Archives nationales d'Outre-Mer à Aix-en-Provence nous permettent de retracer le parcours de ces trois ingénieurs militaires pendant leur captivité, qui s'étend de juin 1755 à l'été 1757. Une lettre écrite par Étienne Aguiton au ministre de la Marine, datée du 31 décembre 1755 et rédigée à Gosport, près de Portsmouth sur la côte sud de l'Angleterre, donne les détails du trajet effectué par les trois ingénieurs depuis leur capture. Après être restés en mer pendant près d'un mois, ils sont amenés à Halifax, où ils restent plus de trois mois, avant d'être envoyés en Angleterre, où ils arrivent à la mi-novembre. 

Un élément intrigant revient dans le discours des ingénieurs français prisonniers dans leurs échanges avec le ministre de la Marine. Tant Étienne Aguiton dans sa lettre du 31 décembre 1755 qu'Antoine Geoffroy, dans une lettre datée du même jour, présentent un certain traitement "particulier" dont ils sont l'objet. Antoine Geoffroy écrit en effet:

"Le retour des officiers qui se trouvent icy et qui ont la permission d'aller en France est une circonstance heureuse pour vous faire parvenir ma lettre surement, et vous apprendre quel est mon sort qui se trouve commun avec celui de mes deux camarades. J'ai été exclûs de la regle generale dans cette occasion cy, je ne sais sur quel fondement on continue a vouloir me detenir en angleterre, et a me refuser la meme grace qui vient d'etre accordée à tous les autres officiers tant de mer que de terre; je n'y ai point contribué par ma conduite, mais je crois que c'est à cause de ma qualité d'ingenieur".

Lettre d'Antoine Geoffroy au ministre de la Marine, de Gosport, 31 décembre 1755
FR ANOM COL E202, folio 468


Geoffroy souligne ici le fait que les officiers capturés le 8 juin 1755 ont été libérés par les Britanniques. C'est le cas par exemple pour Monsieur de Rigaud, frère du gouverneur de la Nouvelle-France, capturé sur l'Alcide mais rapidement libéré et arrivé au Canada en mai 1756. Or, les trois ingénieurs sont toujours captifs, état qu'ils devraient selon Geoffroy à leur seule fonction d'ingénieur militaire. Étienne Aguiton affirme pour sa part dans sa lettre du même jour qu'à l'instar de l'ensemble des autres officiers, lui et ses collègues ingénieurs ont demandé leur libération aux autorités britanniques, et répète à deux reprises que la poursuite de la captivité des trois infortunés tient à leur seule qualité d'ingénieur militaire:

"nous avons tous trois, ainsi que tous les officiers prisoniers, demandé au roy et a l'amirauté d'angleterre la permission de retourner en france, elle a eté accordée à tout le monde, excepté à mes camarades et à moy, sans nous etre attirés ce refus en aucune façon; la seulle raison qui en est la cause, cest que nous somes ingenieurs. privés par nôtre etat actuel de jouir de nôtre liberté, et de l'avantage de meriter nôtre avancement en servant le roy; il est bien dur que nous soyons encore frustrés de la douceur dhabitter nôtre païs; douceur dont nôtre seulle qualité d'ingenieur nous prive".

Lettre d'Étienne Aguiton au ministre de la Marine, de Gosport, 31 décembre 1755
FR ANOM COL E1, folios 175-176

Le discours sans doute concerté des deux ingénieurs (et probablement de leur collègue Jacques Dumoulin, dont les lettres envoyées au ministre n'ont hélas pas été conservées) n'est pas uniquement la marque d'un sentiment de supériorité, frôlant l'arrogance, que l'on retrouve tout au long du XVIIIe siècle dans le corps des ingénieurs militaires français. Au vu de l'importance de ces experts scientifiques pour la guerre et de l'aura des ingénieurs français depuis Vauban (voir à ce sujet la conférence que j'ai donnée à l'été 2020 lors des Rendez-Vous d'histoire de Québec), et en prenant également en compte la pénurie d'ingénieurs militaires que connaît alors la Nouvelle-France, l'argument d'une volonté britannique de priver la colonie française des services de ces trois ingénieurs est tout à fait recevable.

Toutefois, un document non signé émanant des bureaux du ministère de la Marine, daté du 24 mars 1758, vient nuancer le discours des ingénieurs, indiquant que ceux-ci "ont constamment refusé la permission qui leur a été offerte de revenir en donnant leur parole comme prisonniers. Ils y ont même êté assez maltraittés; et ils n'en sont revenus qu'au mois d'aoûst 1757 qu'ils en ont eu la liberté sans condition".

Document anonyme, ministère de la Marine, 24 mars 1758
FR ANOM COL E202, folio 470


Après discussion avec l'historien René Laliberté (dont le mémoire de maîtrise sur la question des prisonniers pendant la guerre de Sept Ans est maintenant disponible en ligne, voir ici), il semble que les termes employés dans ce document permettent d'expliquer l'apparente contradiction entre les affirmations répétées des ingénieurs Aguiton et Geoffroy et la mention du document ministériel. Être libéré sur parole implique au XVIIIe siècle de s'engager à ne pas servir pendant une durée, sur un lieu ou contre un adversaire déterminé. Par exemple, le marquis de Montcalm, commandant des troupes de Terre françaises au Canada à partir de 1756, insère une telle clause dans la capitulation du fort William Henry en août 1757, la garnison britannique s'engageant à ne pas servir en Amérique pour une durée de dix-huit mois (voir ici). Il faut toutefois rappeler qu'en juin 1755, moment de la capture des trois ingénieurs militaires, la France et la Grande-Bretagne sont encore en paix. Les ingénieurs, ne se considérant donc pas prisonniers de guerre, ont alors pu refuser une offre de libération sur parole qui engageait leur honneur d'officiers (même s'ils étaient en mesure de contourner cet engagement tout en préservant leur honneur en insistant justement sur leur capture en temps de paix). Les Britanniques en ont probablement profité pour retenir trois experts scientifiques de la guerre dont les services auraient été bien utiles en Amérique...

Toujours est-il que ces trois ingénieurs sont libérés en août 1757. La suite de leur carrière prend toutefois des chemins assez variés.

Étienne Aguiton sert sur le théâtre européen de la guerre de Sept Ans, et participe aux campagnes d'Allemagne de 1760 et 1761. Il y meurt en activité (de maladie) le 3 octobre 1761, à l'âge de 32 ans, au Fort-Louis du Rhin (actuelle commune de Fort-Louis, dans le département du Bas-Rhin).

Jacques Dumoulin semble servir à Mézières à la fin de la guerre ou juste après celle-ci, est fait chevalier de Saint-Louis dans la même période et occupe le poste d'ingénieur en chef dans cette même ville en 1766. Il devient commandant en troisième de l'École du Génie de Mézières en 1768, et est anobli pour ses services militaires en 1773. Il termine sa carrière par diverses affectations à Brest, Verdun et Metz dans les décennies 1770 et 1780. Il prend sa retraite le 1er avril 1791 et décède à Metz le 20 octobre 1804, à l'âge de 84 ans.

Antoine Geoffroy connait pour sa part une suite de carrière assez riche. Comme Étienne Aguiton, il combat en Allemagne en 1760 et 1761, et est fait chevalier de Saint-Louis à la paix. Il connait plusieurs affectations coloniales, exclusivement dans les Antilles d'ailleurs. Dans la décennie 1770, il gravit les échelons de la hiérarchie du corps des ingénieurs militaires en étant nommé ingénieur en chef de la Martinique en 1770, puis directeur des fortifications des Îles-du-Vent en 1778 (le poste de directeur des fortifications était le plus élevé dans la hiérarchie des ingénieurs, et les Îles-du-Vent désignaient l'ensemble des îles françaises de l'est et du sud des Antilles). C'est à ce titre qu'il participe activement aux combats antillais de la guerre d'indépendance américaine. Il meurt en activité au fort Saint Pierre de la Martinique (dans l'actuelle ville de Saint-Pierre) le 10 novembre 1786, à 61 ans.


La capture de ces trois ingénieurs a donc privé la Nouvelle-France, et plus particulièrement le Canada, du secours d'experts scientifiques de la guerre, à un moment où la colonie en manquait cruellement alors que s'annonçait un nouveau conflit. Deux autres ingénieurs, Nicolas Sarrebource de Pontleroy et Claude-Victor Grillot de Poilly, arrivent à Louisbourg à la fin du mois d'août 1755 (sans que leur envoi soit lié à la capture des trois ingénieurs de l'Alcide, puisqu'il était déjà prévu).

Les renforts amenés au Canada en 1756 par le marquis de Montcalm comprennent deux nouveaux ingénieurs, destinés à remplacer les trois capturés en 1755. Si le plus expérimenté des deux, Jean-Claude-Henri de Lombard de Combles, connait une carrière canadienne écourtée par sa mort lors du siège des forts de Chouaguen en août 1756 (voir mon article à ce sujet ici), son collègue Jean-Nicolas Desandrouins a pu profiter pleinement de son affectation nord-américaine pour s'illustrer à différentes reprises, ce qui lui permettra d'occuper par la suite plusieurs postes d'importance (j'ai évoqué la question dans un autre article, voir ici).


Comme je l'ai mentionné en ouverture de ce texte, il s'agit ici d'une version écourtée de l'article que j'ai rédigé pour la revue Nouvelle-France, Histoire et Patrimoine. Le quatrième numéro, maintenant disponible en librairie, a pour dossier principal le Grand Dérangement de 1755, ce qui correspond à la déportation dont ont été victimes les Acadiens et Acadiennes au début de la guerre de Sept Ans. Un aperçu du contenu de ce numéro est disponible sur le site des Éditions Soteca. N'hésitez pas à vous procurer la revue si vous souhaitez lire la version complète de mon article ou si la question du Grand Dérangement vous intéresse!



À bientôt pour de nouveaux billets historiques!

Michel Thévenin


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samedi 14 août 2021

Plan de la rivière et des forts de Chouaguen par l'ingénieur de Combles

Bonjour!

Cette année encore j'ai participé aux Rendez-Vous d'histoire de Québec, tenus cette année de manière virtuelle. J'ai prononcé en compagnie de mon grand ami l'historien Joseph Gagné (auteur du blogue Curieuse Nouvelle-France) une conférence ayant pour thème le divertissement des militaires au XVIIIe siècle (la vidéo d'une cinquantaine de minute est disponible sur Youtube, voir ici).

Je vous partage aujourd'hui mon autre contribution à ces Rendez-Vous, à savoir une capsule de cinq minutes pour leur "carrousel d'images".

Je vous présente donc ici un document en lien avec le siège des forts de Chouaguen, qui s'est achevé le 14 août 1756.

Bonne écoute, et à bientôt pour de nouveaux billets historiques!

 

Michel Thévenin


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lundi 14 juin 2021

"réduit à être l'ingénieur ordinaire de Québec", ou le désarroi de Pontleroy

Bonjour!

Cet article est une suite directe à mon dernier article de la semaine passée, au sujet du débat ayant eu lieu en Nouvelle-France pendant la guerre de Sept Ans quant à la pertinence d'une réunion des ingénieurs militaires et des artilleurs au sein d'un même corps, comme c'était le cas en France (voir mon article ici).

Le marquis de Vaudreuil, gouverneur-général de la Nouvelle-France, se plaignait en effet dans une lettre du 28 octobre 1757 au ministre de la Marine que le marquis de Montcalm, commandant des troupes de Terre servant dans la colonie, envisageait de réunir les artilleurs et les ingénieurs militaires en poste au Canada dans un seul et même corps, qui serait placé sous l'autorité de Nicolas Sarrebource de Pontleroy. Celui-ci, ingénieur d'expérience, venait d'arriver à Québec pour occuper le poste d'ingénieur en chef de la Nouvelle-France, après avoir servi pendant deux ans à Louisbourg, sur l'Île Royale.

Il m'est impossible pour le moment d'établir avec certitude si cette idée d'une réunion des ingénieurs et des artilleurs émane directement de Montcalm ou non, mais Pontleroy lui-même l'évoquait déjà dans une lettre adressée au ministre de la Marine le 26 octobre 1757, soit deux jours avant que Vaudreuil ne s'en plaigne:

"L'on m'a fait pressentir, Monseigneur, que je ne suis destiné icy que pour le service des places et non pour servir à la guerre, j'en ay fait mes representations à M. le mqs de Vaudreüil qui ne m'a donné aucunne réponse positive; je sçais que M. le mqs de Montcalm me demandera avec instance lorsqu'il s'agira de faire des siéges (d'autant que je suis le seul officier détaché du Corps Royal qui ait fait la guerre en qualité d'Ingénieur) mais il crain qu'on ne lui fasse des difficultes. Il seroit douloureux pour moi que je visse mes camarades s'exposer à chaque instant, tandy que je serois tranquille dans une place, et j'ay l'honneur de vous prier de me donner vos ordres à ce sujet. Je ne vous demande, Monseigneur, de servir à l'armée qu'autant que j'y serai nécessaire soit pour placer des forts ou faire des siéges; le service des places n'en souffrira pas si vous voulés bien donner vos ordres pour que les officiers du Corps royal détachés dans cette colonie servent comme en France pour l'artillerie et le génie, ils sont tous remplis de bonne volonté et de zèle, et ne feront sûrement point de difficulté de servir sous moi me trouvant le plus ancien, ils m'ont même priés d'avoir l'honneur de vous en ecrire, particulierement le Sr. de Montbeillard Cpne dont j'accepterai les services en attendant vôtre décision".
FR ANOM COL C11E 10/fol.210

Notons brièvement que Pontleroy n'est pas "le seul officier détaché du Corps Royal qui ait fait la guerre en qualité d'Ingénieur", puisqu'un autre ingénieur, Jean-Nicolas Desandrouins, a déjà participé à deux sièges en Amérique, ceux de Chouaguen en 1756 (voir mon article ici) et de William Henry en 1757.  La suggestion de Pontleroy d'une réunion des ingénieurs et des artilleurs n'est pas anodine. Au-delà des allures presque pathétiques de son discours (la volonté de partager les peines et les dangers des campagnes auprès de ses collègues), c'est la carrière même de l'ingénieur qui est en jeu ici. En effet, le désespoir de Pontleroy à l'idée d'être cantonné au "service des places" renvoie à la double nature des fonctions de l'ingénieur militaire, et au débat entraîné par celle-ci au sein de l'armée française (et même directement au sein du corps des ingénieurs). J'ai déjà évoqué cette question dans un autre article, disponible ici. Même si la tâche première des ingénieurs était d'attaquer et de défendre les places, Vauban, le plus fameux des ingénieurs de Louis XIV, avait donné à la fin du XVIIe siècle une hiérarchie, au moins morale, des fonctions de l'ingénieur militaire. Aux ingénieurs "de place", capables d'ériger des fortifications après un apprentissage long et difficile, il opposait ainsi les ingénieurs "de tranchée" chargés de mener les sièges et dont l'expérience pouvait s'acquérir plus rapidement, sur le terrain. La primauté de l'art de fortifier les places sur celui de les attaquer se faisait ressentir directement dans l'appellation du corps des ingénieurs, qui appartenaient au Département des Fortifications, sorte de quasi-ministère indépendant créé en 1691.

Toutefois, cette situation évolue progressivement au cours du XVIIIe siècle, surtout après le rattachement du Département des Fortifications au Secrétariat d'État à la Guerre en 1743. Les ingénieurs cherchant de plus en plus à être intégrés à l'armée en se militarisant (en adoptant par exemple un uniforme en 1732, plusieurs fois modifié jusqu'à la fin du siècle), le prestige de la fonction d'ingénieur militaire est de plus en plus lié à sa capacité à servir "à la guerre", c'est-à-dire de participer à des sièges ou à ériger des fortifications de campagne (même si les fortifications des places gardent toute leur importance). Surtout, ce sont ces "services de guerre" qui permettent l'avancement au sein de l'armée française, sans considération pour les services "de place". Pontleroy est donc pleinement conscient qu'une affectation au seul service des places en Nouvelle-France, alors que le conflit en Amérique fait appel de manière inédite à la guerre de siège, compromettrait fortement la suite de sa carrière. Sa crainte est d'autant plus justifiée que si son statut d'ingénieur en chef de la Nouvelle-France renvoie strictement au service "de place", Pontleroy possède également le grade de sous-brigadier d'ingénieurs, qui lui confère le commandement des autres ingénieurs militaires présents au Canada dans le cadre des services "de guerre".

Une autre lettre de Pontleroy, datée du 26 juillet 1758, montre que selon lui, le marquis de Vaudreuil aurait tenté de l'empêcher de participer à la campagne du lac Champlain de 1758:

"Je dois aux pressantes et redoublées solicitations de M. le mqis de Montcalm auprez de M. le mqis de Vaudreüil, et a la bonne opinion qu'il a bien voulu avoir de mes faibles talents, d'avoir fait la campagne et de n'avoir pas eté reduit a être l'ingenieur ordinaire de Quebec employez aux entretiens des cazernes au lieu d'etre en chef dans le Canada; cela m'a permis d'avoir quelque part a la journee du 8 par le tracé des abbatis derriere lequel les troupes ont combattus contre l'armée angloise".

FR ANOM COL C11A 103/fol.399

La situation du Canada au printemps 1758 est pourtant délicate: les succès de 1757 (au premier rang desquels le siège victorieux du fort William Henry) n'ont pas pu être pleinement exploités en raison de la disette qui a frappé le Canada, et les premiers renseignements font état de lourds préparatifs britanniques en vue d'une offensive sur plusieurs fronts. En effet, après avoir échoué à prendre la puissante forteresse de Louisbourg en 1757, les Britanniques préparent à nouveau une expédition pour s'emparer de l'Île Royale. Mais dans le même temps, ils mettent sur pied un plan d'invasion du Canada en remontant le couloir du lac Champlain et de la rivière Richelieu, de manière à frapper au coeur de la colonie. La présence sur le front du lac Champlain d'un ingénieur expérimenté comme Pontleroy (qui est ingénieur depuis 1736 et a participé à de nombreux sièges pendant la guerre de Succession d'Autriche dans la décennie 1740) serait assurément bénéfique pour les défenses françaises.

J'ai deux hypothèses principales (qui ne s'excluent d'ailleurs pas) à propos des réticences initiales de Vaudreuil de laisser Pontleroy accompagner Montcalm sur le lac Champlain.

Cela fait partie de l'aveuglement dont fait preuve le gouverneur de la Nouvelle-France au sujet des intentions des Britanniques. Vaudreuil était fermement convaincu qu'ils étaient incapables de préparer une offensive multiple, et pensait donc qu'après leur échec devant Louisbourg en 1757, la forteresse de l'Île Royale serait à nouveau leur principal, et même leur seul objectif. Malgré les rapports de plus en plus insistants au sujet des préparatifs britanniques en vue d'une invasion par le lac Champlain, ce n'est qu'au mois de juin que Vaudreuil prend conscience de la menace. Il pourrait donc ne pas lui sembler utile au printemps de se priver à Québec, ville dont les fortifications sont constamment en travaux, de l'ingénieur en chef du Canada pour une campagne dans une région qu'il pense assez calme.

Cet épisode peut aussi être une conséquence de la rivalité que Vaudreuil entretient avec Montcalm. Avant m son arrivée au Canada, Pontleroy avait été impliqué dans cette lutte personnelle. À la mort de Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry, ingénieur en chef de la Nouvelle-France, en mars 1756, Vaudreuil avait aussitôt proposé la candidature de l'ingénieur canadien Michel Chartier de Lotbinière, gendre du défunt et parent du gouverneur, pour lui succéder. Montcalm et les officiers des troupes de Terre avaient de leur côté demandé qu'un ingénieur militaire métropolitain soit envoyé au Canada à cet effet. Après un an de débats, la Cour de Versailles avait donné raison à Montcalm, et Pontleroy avait été nommé sur les recommandations de son supérieur à Louisbourg, Louis-Joseph Franquet. Ainsi, Pontleroy était vu par Vaudreuil comme ayant privé Lotbinière d'une charge importante, en plus d'être le candidat des troupes de Terre, et donc de Montcalm. Or, la campagne à venir sur le lac Champlain impliquait le fort Carillon, qui était en quelque sorte devenu le "fief" de Lotbinière... Celui-ci, protestant contre ce qu'il considérait l'usurpation de la charge d'ingénieur en chef qu'il pensait hériter de son beau-père (et plus ou moins appuyé par Vaudreuil), avait refusé l'autorité de Pontleroy. Il n'est donc pas impensable de croire que Vaudreuil a voulu faire d'une pierre deux coups, en privant Montcalm des compétences de Pontleroy, tout en permettant à son protégé Lotbinière de conserver un certain poids à Carillon pour la campagne à venir, malgré la présence à ses côtés d'un autre ingénieur, Desandrouins...


Toujours est-il que Pontleroy a en fin de compte pu participer à la campagne du lac Champlain de l'été 1758, contribuant brillamment à l'éclatante victoire de Carillon du 8 juillet en assurant avec Desandrouins (sans que Lotbinière ne semble être impliqué) le tracé des retranchements sur lesquels s'est brisée l'offensive britannique.

Plan du Fort Carillon et du Camp retranchée pour s'opposer à l'attaque des Anglais avec l'ordre des Colonnes à l'action du 8 juillet 1758, FR ANOM F3/290/101














À bientôt pour de nouveaux billets historiques!

Michel Thévenin


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jeudi 10 juin 2021

Montcalm, Vaudreuil et la réunion des ingénieurs militaires et des artilleurs au Canada pendant la guerre de Sept Ans

Bonsoir!

J'avais présenté dans un autre article il y a quelques temps déjà la proximité entre les ingénieurs militaires et les artilleurs au XVIIIe siècle, ces deux groupes appartenant aux armes dites "savantes" (voir l'article en question ici).

Une ordonnance royale de Louis XV, datée du 8 décembre 1755, réunissait même les ingénieurs militaires et les artilleurs français en un seul Corps royal de l'Artillerie et du Génie, afin de faciliter la coopération entre ces deux corps techniques de l'armée française, notamment lors des sièges.


Ordonnance du Roi, pour unir l'Artillerie avec le Génie,
8 décembre 1755


Travaillant dans le cadre de ma thèse de doctorat sur les ingénieurs militaires français en Nouvelle-France pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763), je me suis donc posé la question suivante: cette réunion des ingénieurs et artilleurs en un seul corps a-t-elle été appliquée au Canada? Les sources montrent que la question s'est posée au cours du conflit.

Le marquis de Vaudreuil, gouverneur-général de la Nouvelle-France, aborde le sujet dans une lettre qu'il adresse le 28 octobre 1757 au ministre de la Marine et des Colonies. Alors que le Canada vient d'accueillir un nouvel ingénieur en chef en la personne de Nicolas Sarrebource de Pontleroy (qui servait alors à Louisbourg, sur l'Île Royale, depuis l'été 1755), Vaudreuil se plaint que le marquis de Montcalm, commandant des troupes de Terre en Nouvelle-France, souhaite "s'approprier" le nouvel ingénieur, et qu'il envisage même une réunion de l'artillerie et du génie au sein de la colonie:

"M. de Pontleroy ingenieur en chef de Quebec est arrivé depuis quelques jours. M. le marquis de Montcalm ne l'a point abandonné depuis ce tems, ainsy que les officiers du Corps Royal. Il m'est revenu que comme il est de ce corps et quil seroit l'ancien du genie et de l'artillerie, M. le Mqis de Montcalm doit demander quil ait inspection sur ces deux corps, et quils soient reunis dans cette colonie, ainsy quils le sont en France, cet ordre de Sa Majesté ne nous ayant pas ete adressé, il n'est pas douteux que vous avez prévu, Monseigneur, combien cette reunion seroit nuisible à la colonie sur tout dans un tems de guerre, ou chaqun est assés occupé de sa partie, sans vouloir s'en charger d'une qui doit etre étrangere à celuy des deux corps à qui l'anciennenté du service confieroit les deux details. C'est dans cette vüe, Monseigneur, que j'ay l'honneur de vous prevenir du dessein de M. le Mqis de Montcalm, et de vous supplier de vouloir bien vous y opposer".


FR ANOM COL C11A 102/fol.125v-126


Même si le propos de Vaudreuil est bien loin d'être anodin (il craint qu'en réunissant les deux corps sous l'autorité d'un même officier, ici Pontleroy, ces deux parties de la guerre passeraient sous le contrôle direct de Montcalm, avec qui il entretient des relations houleuses), l'argument qu'il avance d'une différence trop prononcée entre le métier d'ingénieur militaire et celui d'artilleur est tout à fait juste. Le chevalier Le Mercier, commandant l'artillerie au Canada, secondait le gouverneur dans une lettre au ministre de la Marine datée du 30 octobre 1757:

"quoy que je me voÿe un des officiers de ce Corps qui ait le plus de connoissance des fortifications je vous avouray sincerement que je ferois un trop mauvais ingenieur pour vouloir me charger de cette partie" (FR ANOM COL E276/fol.130)

Surtout, c'est précisément cet argument, partagé par bon nombre d'ingénieurs militaires et d'artilleurs en France, qui amène Louis XV, par une ordonnance du 5 mai 1758, à séparer à nouveau le Génie et l'Artillerie, consacrant l'échec total de leur union de 1755. Celle-ci avait en effet exacerbé la concurrence entre les deux corps techniques de l'armée, et était perçue comme trop déséquilibrée en faveur des artilleurs (qui bénéficiaient d'un meilleur accès à l'avancement au sein de l'armée par rapport aux ingénieurs, qui avaient dû pour leur part renoncer à leur uniforme distinctif pour adopter celui de l'artillerie).

Le 10 février 1758, soit quelques mois à peine avant la séparation du Génie et de l'Artillerie, le ministre de la Marine (Peyrenc de Moras) répond à Vaudreuil, abondant dans le sens du gouverneur de la Nouvelle-France et condamnant l'idée de Montcalm de réunir les deux corps (il adresse une lettre à ce sujet à Montcalm le même jour):

"Cette reunion n'est point praticable. Les services de l'un et de l'autre sont totalement distincts et séparés, non seulement en Canada, mais même dans toutes les Colonies. Ce seroit bouleverser entierement la constitution du service que d'admettre cette reunion, et l'intention de Sa M.[ajesté] est qu'on n'apporte aucun changement dans les anciens principes, ni dans les usages, a moins que les abus n'en soient demontrés et alors on y pourvoiroit. Lorsque Sa Majesté s'est determinée a faire passer en Canada des Ingenieurs et des officiers d'artillerie qui servoient en France, elle n'a point entendu que l'exercice de leurs fonctions respectives dut occasionner aucune innovation dans le service du pays"

FR ANOM COL B 107/fol.271


Moras termine sa lettre en écrivant que c'est en concertation avec le marquis de Paulmy, ministre de la Guerre, qu'il clarifie la situation sur cette question. Une trace de cette concertation existe sous la forme d'une lettre envoyée le 7 février 1758 par le ministre de la Guerre à son confrère de la Marine. S'il reconnaît l'erreur de jugement de Montcalm, Paulmy prend toutefois sa défense, en exposant que Montcalm pouvait légitimement penser que l'ordonnance réunissant à la fin de l'année 1755 les deux corps en France pouvait également être valide au Canada:

"J'ignore quelles raisons particulieres pourroient avoir déterminé M. de Montcalm à exiger que ces officiers suivent en Canada pour leur service l'arrangement qui a été fait en France pour la réünion de l'artillerie et du génie [...] mais je ne peux me dispenser de convenir que si le Roy aïant jugé à propos de rendre une ordonnance qui réünit en un seul corps les trois corps anciens de l'artillerie, de Roïal artillerie, et du génie, M. de Montcalm ne pouvoit pas se dispenser d'exiger que dans l'étendüe de son commandement le service à faire par les officiers de ces trois corps ne dût être fait conformément à cette même ordonnance".



FR ANOM COL C11A 103/fol.428-428v


Paulmy poursuit en exposant clairement le "partage" de l'autorité sur les ingénieurs et artilleurs entre Vaudreuil et Montcalm:

"Tant que les officiers de l'un et de l'autre corps sont de residence dans une place, ils sont sans contredit aux ordres du Gouverneur Général et même des Gouverneurs particuliers, qui peuvent suivant la connoissance qu'ils ont des talens de chaque officier en particulier l'emploier à la partie du service à laquelle il est le plus propre, mais s'il est question d'envoïer ces officiers à la guerre, ils se trouvent alors aux ordres de M. de Montcalm, et obligés d'exécuter tout ce qu'il peut leur ordonner concernant le service. Vous voïés par ce détail qu'il ne resulte aucune innovation dans le service de l'artillerie et du génie du païs".



FR ANOM COL C11A 103/fol.428v-429


Il est intéressant de voir que cette répartition des responsabilités entre service "de place" et service "de guerre" reprend le clivage entre ingénieurs "de place" et "de tranchée", très présent à la fin du XVIIe siècle, et dont les ingénieurs militaires français avaient cherché (et partiellement réussi) à se détacher au cours de la première moitié du XVIIIe siècle (voir mon article à ce sujet ici).

Je termine cet article en évoquant que dans la lettre adressée à Montcalm le 10 février 1758, dans laquelle il donne raison à Vaudreuil, le ministre de la Marine termine son propos par une allusion des plus intéressantes:

"La reunion en France de l'artillerie et du genie n'a pas encore produis de grands avantages et c'est une question trop problématique et encore trop controversée pour s'occuper déjà de prendre en Canada un arrangemen si contraire a la constitution actuelle du service dans la Colonie".

FR ANOM COL B 107/fol.272v












Si le ministre de la Marine constate d'un oeil extérieur, plus de deux ans après la réunion du Génie et de l'Artillerie en décembre 1755, que la mesure ne donne pas grande satisfaction, il n'est pas étonnant de constater que l'expérience prend fin seulement trois mois plus tard...

Ces documents ne sont pas qu'une preuve de plus des rivalités personnelles entre Montcalm et Vaudreuil, qui trouveraient dans l'organisation des ingénieurs militaires et des artilleurs un autre lieu d'expression. En effet, Montcalm, répondant principalement au ministre de la Guerre, a cru possible d'intégrer au service colonial des ordonnances concernant l'armée régulière au sein du royaume, ce qui, comme on l'a vu, est un argument compréhensible selon le marquis de Paulmy. De son côté, Vaudreuil, gouverneur colonial, reçoit ses instructions du ministre de la Marine, et défend farouchement ses prérogatives militaires contre les empiètements du commandant des troupes de Terre. Cet épisode illustre ainsi à mon sens la difficulté en termes de communication qu'entraîne la présence dans la colonie, inédite depuis l'envoi du régiment de Carignan-Salières dans la décennie 1660, d'un corps de troupes appartenant à l'armée régulière, et la nécessaire (quoique parfois difficile) coopération entre les secrétariats d'État à la Guerre et à la Marine.

À bientôt pour de nouveaux billets historiques!

Michel Thévenin


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jeudi 8 avril 2021

Un premier compte-rendu pour mon livre!

Bonsoir!

Pas d'article de contenu pour ce soir, mais je souhaitais partager avec vous la première recension de mon livre publié aux Presses de l'Université Laval à l'automne 2020 (voir les informations à ce sujet à droite dans la section "Envie d'en savoir plus?"), ou du moins la première qui m'est parvenue.

Ce compte-rendu est disponible sur La Cliothèque, site internet spécialisé dans la recension d'ouvrages d'histoire et de géographie.

Vous pouvez y accéder en cliquant sur l'image ci-dessous.



Bonne lecture, et à bientôt pour de nouveaux billets historiques!
   Michel Thévenin


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mardi 6 avril 2021

Les morts de la guerre de Sept Ans à l'Hôpital-général de Québec

Bonsoir!

À la mi-août 2014, j'ai quitté ma ville d'origine, Lyon, pour venir poursuivre au Québec mes études supérieures en Histoire. En arrivant dans la ville de Québec, j'ai entamé mon acclimatation à ma nouvelle ville par une découverte de l'environnement rapproché de mon logement, qui se trouvait alors dans le quartier Saint-Sauveur. En flânant sur Internet à la recherche de lieux d'intérêts dans le quartier, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu'à moins de dix minutes à pied de chez moi se trouvait la tombe du marquis de Montcalm, le commandant des troupes de terre françaises au Canada pendant la guerre de Sept Ans! Ma présence au Québec étant motivée par l'étude de ce conflit, je ne pouvais qu'avoir hâte de découvrir cet endroit!

Toutefois, en allant visiter le cimetière de l'Hôpital-Général de Québec, qui abrite la tombe de Montcalm, j'ai été particulièrement ému en découvrant qu'il renferme également le Mémorial de la guerre de Sept Ans. Ce lieu, unique au monde, contient les dépouilles dans des fosses communes de plus d'un millier de militaires victimes de cette guerre.

Le Mémorial de la guerre de Sept Ans au cimetière de l'Hôpital-Général de Québec
Photo: Michel Thévenin, août 2014


Le Mémorial de la guerre de Sept Ans a été inauguré le 11 octobre 2001, lors d'une cérémonie officielle au cours de laquelle les restes du marquis de Montcalm, alors conservés dans la chapelle des Ursulines de Québec, ont été transférés dans un mausolée construit à cet effet dans le cimetière de l'Hôpital-Général (je vous joins ici un lien de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs au sujet de cette cérémonie).


Quelques mois plus tôt, en avril 2001, l'instigateur du projet, Jean-Yves Bronze, publiait aux Presses de l'Université Laval un livre mettant en valeur ce lieu exceptionnel par son témoignage unique de la guerre de Sept Ans. C'est ce livre que je souhaite vous présenter ici pour souligner les vingt ans de sa publication (vous pouvez accéder à la page de présentation sur le site des Presses de l'Université Laval en cliquant sur l'image ci-dessous).



Les morts de la guerre de Sept Ans au Cimetière de l'Hôpital-Général de Québec, d'environ 200 pages, est divisé en deux grandes parties. La partie historique est certes assez restreinte (une vingtaine de pages), mais elle est tout de même très intéressante. L'auteur fait en effet un survol de l'histoire de l'Hôpital-Général de sa création en 1692 au début des hostilités menant à la guerre de Sept Ans au milieu des années 1750. Il propose également un bref récapitulatif du déroulement de ce conflit, en replaçant la "guerre de la Conquête", soit la partie nord-américaine de la guerre, dans le cadre plus vaste de la guerre de Sept Ans (je vous invite à lire mon article sur la question des dénominations du conflit). C'est tout de même relativement rare de voir une telle démarche dans les ouvrages publiés au Québec avant la fin des années 2000, puisque c'est justement le cycle de commémorations du 250e anniversaire de la guerre de Sept Ans, entre 2009 et 2013, qui a mis en lumière le besoin de sortir des visions trop localisées de ce conflit qui jusque là prévalaient. Jean-Yves Bronze présente également la transformation de la mission de l'Hôpital-Général, utilisé par la force des choses comme hôpital militaire entre 1755 et 1760.

Le gros de l'ouvrage, et son but premier, est un répertoire biographique des militaires enterrés pendant la guerre de Sept Ans au sein du cimetière de l'hôpital. Plus exactement, il s'agit des notices biographiques des militaires enregistrés par les Augustines entre le 23 juin 1755 et le 8 septembre 1760, ce qui représente plus d'un millier d'individus français, canadiens ou britanniques. On peut regretter l'absence d'Autochtones (à l'exception de deux à la page 112), qui ont eux aussi participé activement au conflit et aux batailles et sièges de Québec de 1759 et 1760, mais à ma connaissance, aucun registre les concernant et permettant de les identifier individuellement n'a hélas été constitué par les religieuses.

On trouve donc sur une petite centaine de pages des notices biographiques assez courtes sur des soldats des régiments des troupes de Terre, des compagnies détachées de la Marine, mais aussi sur des marins ayant servi à bord des vaisseaux français à Québec ainsi que sur des miliciens canadiens, ou encore sur quelques prisonniers de guerre britanniques décédés à Québec. Les informations sont parfois lacunaires (se limitant pour certaines notes au nom et à la date de décès de l'individu), mais sont le reflet des sources très étendues mobilisées par l'auteur il y a vingt ans. Ce livre peut être utilisé de manière complémentaire avec des outils plus récents comme la base de données des soldats et sous-officiers des troupes de la Marine au Canada, créée par l'historien Rénald Lessard et hébergée sur le site de la Société de généalogie de Québec (voir ici). 

Les informations concernant les soldats des troupes de Terre sont généralement plus fournies, les sources administratives des régiments étant plus nombreuses, mais là aussi, il ne s'agit que des individus décédés à l'Hôpital-Général de Québec et enterrés dans son cimetière. Il faut alors pour aller plus loin se tourner vers le colossal ouvrage issu du Projet Montcalm, mobilisant entre 2006 et 2009 une équipe impressionnante de chercheurs français et canadiens. L'ouvrage Combattre pour la France en Amérique réunit ainsi les notices biographiques de plus de 7500 soldats et officiers des troupes de Terre ayant servi en Nouvelle-France pendant la guerre de Sept Ans.

Enfin, l'auteur a intégré à son ouvrage une section particulière (pages 113-119) consacrée aux chevaliers de Saint-Louis, le cimetière de l'Hôpital-Général abritant la plus grande concentration au monde de dépouilles de membres de ce prestigieux ordre militaire créé par Louis XIV pour récompenser les services militaires de sa noblesse.

Jean-Yves Bronze a garni son livre d'une riche iconographie reprenant les dessins d'artistes reconnus dans le domaine de la représentation de militaires du 18e siècle comme Francis Back, Gerry Embleton, Eugène Lelièpvre ou encore Michel Pétard.

En somme, c'est un joli petit livre bien loin d'être dépassé malgré vingt années de recherches et un très fort renouveau historiographique concernant l'étude de la guerre de Sept Ans. Les morts de la guerre de Sept Ans à l'Hôpital-Général de Québec reste un outil précieux pour évoquer les conséquences humaines de ce conflit mondial.


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Michel Thévenin


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