mercredi 30 janvier 2019

Une gravure de 1742 expliquant la guerre de Succession d'Autriche

Bonjour à toutes et à tous!

Aujourd'hui, je vous partage une petite perle, une gravure de 1742 expliquant de manière satirique les causes de la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748).


Ouverture du bal solemnel que les puissances de l'Europe ont tenus à la grande salle germanique, par Arendt Van Huissteen, Amsterdam, 1742 (disponible sur Gallica)

Dans sa biographie de Maurice de Saxe de 1992, l'historien Jean-Pierre Bois en fait la description 
suivante:
"Sous l'éclat des lustres, la reine de Hongrie vient d'ouvrir la danse avec l'électeur de Bavière, qui donne la fête; mais, déjà fourbu, il s'éponge, tandis que la reine s'avance vers un cavalier plus résistant, le roi de Prusse. Fleury fait les honneurs, Belle-Isle exhorte chacun à danser, mais beaucoup se récusent. Stanislas ne sait que des polonaises, le roi d'Angleterre attend une gigue, la reine d'Espagne voyant ses fils décidés à ne danser qu'un quadrille, esquisse un cavalier seul, ou "folie d'Espagne"; le roi de Sardaigne brûle de l'accompagner. Dans le fond, un tripot tenu par les Vénitiens. Ailleurs, le pape s'épuise en un discours que personne n'entend, cependant que les électeurs ecclésiastiques dirigent un orchestre cacophonique formé par les petits États. On y voit même Élisabeth de Russie, le roi de Corse, sorte d'Arlequin masqué, l'empereur turc. Ainsi apparaît aux contemporains la guerre de Succession d'Autriche."
Une petite contextualisation de ce conflit s'impose. L'empereur du Saint-Empire romain germanique, le Habsbourg Charles VI, avait passé les dernières années de sa vie à tenter de faire reconnaître sa fille Marie-Thérèse d'Autriche comme héritière des possessions des Habsbourg que sont l'Autriche, la Hongrie, la Bohême, les Pays-Bas autrichiens (actuelle Belgique). Seule la couronne impériale n'était pas officiellement héréditaire, quoique officieusement promise aux Habsbourg. À la mort de Charles VI en 1740, plusieurs souverains ayant reconnu l'héritage de Marie-Thérèse reviennent sur leur parole. Le principal d'entre eux est l'électeur de Bavière, qui rentre en guerre contre Marie-Thérèse pour obtenir entre autres la couronne impériale, tandis que le nouveau roi de Prusse Frédéric II attaque l'Autriche pour son propre compte. La France de Louis XV, sous la direction du cardinal Fleury, veut rester neutre, malgré les pressions anti-autrichiennes du maréchal de Belle-Isle et du beau-père du roi, l'ancien roi de Pologne Stanislas Leszczynski. La France participe dans un premier temps à la guerre en tant qu'alliée de la Bavière (tout comme l'Espagne), bien qu'étant en paix avec l'Autriche, à qui elle déclare la guerre en 1744. Marie-Thérèse peut compter sur l'aide de la Grande-Bretagne, qui comme la France ne rentre officiellement dans le conflit qu'en 1744 (ce qui n'empêche pas les deux nations de s'affronter avant, malgré la paix officielle entre elles). Après les campagnes du maréchal de Saxe dans les Flandres entre 1744 et 1748, la victoire revient incontestablement à la France de Louis XV qui, dans un but d'apaisement et d'éventuelle alliance avec l'Autriche (qui se concrétisera quelques années plus tard), rend toutes ses conquêtes.

N'hésitez pas à me poser vos questions en commentaires, il me fera plaisir de discuter avec vous de la complexité de ce conflit (dont le résumé en quelques lignes n'est pas des plus simples!)
Michel Thévenin

Un regard très lucide de Bougainville sur la guerre de Sept Ans

Bonjour!

Aujourd'hui, je souhaite vous partager une petite trouvaille de source.

Louis-Antoine de Bougainville fait partie des officiers combattant en Amérique pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763, 1754-60 pour sa partie américaine). En septembre 1757, il constate avec lucidité la priorité accordée par la France au théâtre allemand de la guerre, où l'alliance de Louis XV avec l'Autriche contre la Prusse s'enlise, et laisse le champ libre à la Grande-Bretagne sur les mers et dans les colonies:

"Mais tout cet argent consommé à relever la maison d'Autriche, à détruire tout équilibre dans l'Allemagne et le Nord, n'eût-il pas été mieux employé à écraser par une forte marine, la marine anglaise, ses comptoirs et colonies?"

Ou comment résumer la guerre de Sept Ans en une phrase...
Michel Thévenin

mardi 22 janvier 2019

Éviter les mauvaises surprises: les armées dites "d'observation"

Bonjour!

Aujourd'hui, j'aimerais vous présenter un nouvel aspect de la guerre de siège européenne des 17e et 18e siècles, celui des armées dites "d'observation".
Je vous avais expliqué, en détaillant les douze étapes d'un siège selon le modèle théorisé par Vauban, que le début d'un siège voyait l'armée assiégeante établir une double ligne de fortifications autours de la place, la contrevallation (face à la place), et la circonvallation, tournée vers l'extérieur, pour se protéger de l'arrivée d'éventuels secours ennemis. Vauban proposait de remplacer la circonvallation, si les effectifs le permettaient, par une deuxième armée, appelée "armée d'observation". Cette armée "d'observation" avait pour mission d'accompagner l'armée chargée du siège, sans participer à celui-ci, mais au contraire de rester en retrait, afin de pouvoir intercepter les armées de secours lancées par l'ennemi pour délivrer la place assiégée, comme l'explique Guillaume Le Blond dans son Traité de l'attaque des Places de 1743:
"Il faut convenir que le moyen le plus assuré pour achever un Siège tranquillement, c'est d'avoir une bonne Armée d'observation postée assez avantageusement, pour que l'Ennemi ne puisse la forcer de combattre sans s'exposer à un péril évident, & de manière qu'elle couvre le Siège, & que même elle en puisse tirer du secours des Troupes qui y sont employées, si l'Ennemi prenoit le parti de vouloir la combattre".
La très lourde logistique que nécessitait l'entretien de deux armées pour un même siège explique que dans les faits, l'usage de ces armées "d'observation" restait assez rare et limité lors des dernières guerres de Louis XIV. Tout en redonnant ses lettres de noblesse à la pratique de l'attaque "par escalade", la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748) donne à voir plusieurs occasions d'utilisation de ces armées "d'observation". La France de Louis XV dispose d'une économie prospère et d'effectifs militaires nettement supérieurs à ceux de ses adversaires (seule l'Autriche peut rivaliser avec l'écrasant poids démographique de la France). La campagne française dans les Flandres (actuelle Belgique) de 1744 intègre l'utilisation d'une armée "d'observation", confiée au maréchal de Saxe. Seulement, dépassant le cadre tactique ponctuel d'un seul siège, son usage s'intègre au cadre stratégique global de la campagne dans son ensemble. En 40 jours seulement entre mai et juillet, l'armée principale, commandée par Louis XV et le maréchal de Noailles, assiège victorieusement plusieurs places (Menin, Ypres, Furnes et le fort de la Knocke). Cette accélération de la guerre de siège a été rendue possible entre autres grâce à la présence de l'armée d'observation de Maurice de Saxe. Celui-ci, par ses mouvements, a interdit aux armées de secours autrichiennes de s'approcher des places assiégées, remplissant parfaitement sa mission de protection de l'armée principale.

Prise de Menin, 4 juin 1744, Pierre-Nicolas Lenfant,
Collections du Château de Versailles

L'effort financier considérable consenti par Louis XV pour maintenir actives deux armées pour sa campagne des Flandres ne sera cependant pas réitéré lors de la campagne de 1745. Maurice de Saxe, alors commandant principal sur ce front, s'appuie sur une "variante" du modèle de l'armée "d'observation", utilisée à plusieurs reprises lors des guerres de la Ligue d'Augsbourg (1689-1697) et de Succession d'Espagne (1701-1714). Ne pouvant compter pour le siège de Tournai que sur sa seule armée, et apprenant l'arrivée imminente d'une armée de secours, il décide de scinder son armée en deux, laissant un corps de 20 000 hommes continuer le siège de la ville, tandis qu'il se porte avec un peu plus de 40 000 hommes à la rencontre des secours ennemis. Ayant battu ceux-ci à Fontenoy le 11 mai, il peut tranquillement revenir compléter le siège de Tournai, qui capitule le 20 juin, après 41 jours de siège.

Siège de Tournai, 14 mai 1745, Pierre-Nicolas Lenfant,
Collections du Château de Versailles

L'utilisation d'armées "d'observation" se retrouve lors des sièges menés en Nouvelle-France pendant la guerre de Sept Ans. 
À la mi-juillet 1756, en prévision du siège des forts de Choueguen sur la rive sud du lac Ontario (actuelle Oswego, État de New York), le marquis de Montcalm envoie le frère du gouverneur Vaudreuil rassembler une véritable armée d'observation:
"Le 15 du même mois (juillet), Mr Rigaud de Vaudreuil, gouverneur des Trois-Rivières, partit de Montréal pour se rendre à la Baye de Niaoueuré (aujourd'hui Sackets Harbor, NY), prendre le commandement des troupes détachées de la Marine, des Canadiens et des Sauvages, en former un corps d'environ 1700 hommes, destinés à favoriser le débarquement des troupes de terre et de l'artillerie, aider aux préparatifs du siège et poser ensuite un camp d'observation entre la chute de la rivière Choueguen et le fort, aux fins d'empêcher les secours d'entrer dans la place, pendant que les troupes de terre en feraient le siège".
On voit bien que la mission de Rigaud "d'empêcher les secours d'entrer dans la place" répond parfaitement à la définition que fait Le Blond d'une armée d'observation. Il s'agit cependant de la seule occurrence d'une utilisation d'une véritable "armée d'observation". 
Un an plus tard, lors du siège du fort William-Henry (Lake George, NY), l'action du chevalier de Lévis, second de Montcalm, s'apparente plus à celle de Maurice de Saxe à Tournai en 1745:
"M. le chevalier de Lévis étant posté avec son détachement sur le chemin du fort Lydius (fort Edward, situé 25 km de William-Henry et dont la garnison pouvait venir secourir le fort assiégé), il en plaça une partir pour s'opposer au secours qui pouvait venir par ce chemin, et l'autre partie fut placée pour masquer et observer les mouvements que les ennemis faisaient au fort et au retranchement".
Un cas similaire survient lors du siège par les Britanniques du fort Niagara en juillet 1759. Alors que la garnison française résiste depuis trois semaines, une armée de secours arrive en vue du fort. Bien que n'ayant pas véritablement "prévu" de corps d'appoint ou d'observation, les officiers britanniques peuvent se permettre, du fait de leur forte supériorité numérique, de laisser une partie des troupes devant le fort, et de tendre une embuscade aux secours avec le reste de l'armée. La manoeuvre réussit complètement, l'armée de secours étant anéantie le 24 juillet à la bataille de la Belle-Famille (à quelques kilomètres seulement du fort), la garnison française de Niagara déposant les armes le lendemain.

Voilà qui clôt cet article pour aujourd'hui. À bientôt pour de nouveaux billets historiques!
Michel Thévenin

mercredi 16 janvier 2019

Une variante des sièges "à la Vauban": l'attaque "par escalade"

Bonjour à toutes et à tous!

Je vous ai récemment présenté l'un des fondements de ma réflexion sur la guerre de siège, à savoir l'importance du modèle de siège théorisé par Vauban à la fin du 17e siècle.

Aujourd'hui, je vous présente une "variante" de ce modèle de siège, à savoir ce que l'on appelle l'attaque "par escalade".

Au début du 18e siècle, la définition de ce type d'assaut est encore relativement floue. Dans son Mémoire pour servir d'instruction dans la conduite des sièges et la défense des places de 1704, Vauban intègre l'escalade à ce qu'il appelle la "surprise des places", sorte de catégorie fourre-tout qui regroupe plusieurs types d'assauts, par opposition au siège réglé et codifié qu'il a théorisé:

"On appelle surprendre une Place, quand pour s'en rendre maître, on se sert du Petard, de l'Escalade, des embûches, de l'introduction par quelque trou du Rempart, d’égout, ou de Rivière, ou par le moïen des Fossés glacés, ou par une intelligence secrette avec quelques Officiers de la Garnison, Soldats, ou Bourgeois, ou enfin par quelque stratagême que ce soit, qui n'oblige pas aux longueurs & aux formalités des autres Sièges."
Le Traité de l'attaque des Places de Bardet de Villeneuve de 1742 reprend, au mot près, la même définition très vague de l'escalade. Pourtant, en 1743, Guillaume Le Blond, mathématicien et théoricien militaire (et futur auteur de la plupart des articles militaires de l'Encyclopédie) publie à son tour un Traité de l'attaque des Places, dans lequel il prend le soin de distinguer clairement les différents types d'attaques qui jusque là étaient réunis sous le terme de "surprise de place". L'escalade a ainsi droit à sa propre définition:

"Escalader une ville, c'est essayer de s'en rendre le maître par une prompte attaque, en escaladant les murailles ou les fortifications de la Ville; c'est-à-dire en y montant avec des échelles, & s'en emparer ainsi, sans être obligé de détruire les fortifications".
La même année, François Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois publie un Dictionnaire militaire, ou recueil alphabétique de tous les termes propres à l'art de la guerre, où figure également une définition de l'escalade, plaçant celle-ci en opposition nette avec le siège "dans les formes" de Vauban: "Escalade, est une attaque brusque, & contre les formes & les précautions, & qui se fait en employant des échelles, pour insulter une muraille, ou un rempart."

En plus de définir pleinement l'escalade, Le Blond souligne également un point intéressant, celui de l'usage de cette pratique:

"Les surprises des Villes & les escalades étoient autrefois assez communes; mais la disposition de nos fortifications, le bon ordre que l'on tient à present pour la garde des Places, ne permet gueres la réussite de ces sortes d'entreprises. Cependant il y a des cas ou elles se peuvent tenter, & où elles peuvent réussir. Nous en avons un exemple recent dans l'escalade de Prague."
La seconde moitié du 17e siècle et la véritable théorisation de la guerre de siège par Vauban entraîne une disparition quasi totale de l'usage de l'escalade. Au début du 18e siècle, plusieurs généraux veulent "accélérer" la guerre de siège et réduire la durée des sièges, et privilégient donc pour cela l'usage d'un assaut massif, venant conclure le siège "dans les règles". Il faut attendre la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748) pour constater un retour en grâce de la pratique de l'escalade, grâce notamment au dynamisme d'officiers comme Maurice de Saxe ou François de Chevert.

Ce conflit voit en effet plusieurs épisodes d'escalade de ville, l'un des plus marquants (car audacieux et complètement inattendu, du fait de l'abandon de cette pratique) étant celui ayant permis la prise de Prague dans la nuit du 25 au 26 novembre 1741. Le succès d'un assaut qui ne devait être qu'une attaque de diversion, mais qui par sa vigueur a entraîné la reddition de la garnison, a fait la gloire de François de Chevert, alors simple lieutenant-colonel d'un régiment d'infanterie et futur général, et surtout futur héros des manuels scolaires de la République française à la fin du 19e siècle...  

François de Chevert et l'escalade de Prague (25-26 novembre 1741),
image figurant dans un manuel scolaire français de la fin du 19e siècle,
Musée National de l'Éducation, Rouen

La réussite de l'escalade de Prague s'est répétée à plusieurs reprises lors des années suivantes, comme à Gand (Belgique) à l'initiative du comte de Löwendal en juillet 1745, ou à Bruges la même année.

Surprise de nuit de la ville de Gand, 10 juillet 1745, Pierre-Nicolas Lenfant,
vers 1760, Collections du Château de Versailles

Surprise de la ville de Gand (détail), Louis-Nicolas Van Blarenberghe, 1787,
Collections du Château de Versailles

On retrouve l'usage de la pratique de l'escalade quelques années plus tard en Nouvelle-France, lors de la guerre de Sept Ans (1756-1763 en Europe, 1754-1760 pour sa partie nord-américaine). En mars 1757, le gouverneur de la Nouvelle-France, le marquis de Vaudreuil, envoie un détachement commandé par son frère, Monsieur de Rigaud, pour aller tenter une opération contre le fort William-Henry (actuelle ville de Lake George, dans le Nord de l'État de New-York). Si les instructions de Vaudreuil ne sont pas clairement de tenter une prise par escalade du fort britannique, les préparatifs de l'expédition (échelles, grappins, absence d'artillerie) laissent penser que l'escalade peut être envisagée. Lorsque le détachement arrive en vue du fort, le 18 mars, c'est effectivement cette solution qui est décidée par Rigaud et ses officiers, comme le mentionne une relation de l'expédition:
"Quoique les vues de Mr de Vaudreuil et que les ordres qu'il avait donnés en conséquence à Mr son frère ne fussent pas de tenter l'escalade du fort, il l'avait cependant laissé le maître de cette entreprise et paraissait s'en rapporter à sa prudence et à celle des premiers officiers qui servaient sous lui. Comme il ne paraissait pas vraisemblable que nous fussions découverts, on se prépara comme su le fort eût dû être attaqué; on enmancha les échelles qu'on avait portées par précaution et on disposa l'ordre d'attaque pour la nuit."
Pourtant, alors que l'usage de l'escalade recommandait un effet de surprise, dont bénéficiait le détachement de Rigaud à cet instant, les officiers (tant français que canadiens) ruinent complètement l'entreprise en décidant, plutôt que d'attaquer, de faire forte impression sur la garnison britannique en paradant en armes devant le fort... Par la suite, Rigaud envoie un de ses officiers, le chevalier Le Mercier, porter un message au commandant du fort, le prévenant qu'il était "dans le dessein de prendre par escalade son fort, et qu'il étoit d'usage, en pareille occurrence et entre peuples policés, de se sommer pour éviter un carnage", et le sommant ainsi de capituler pour éviter l'effusion de sang... Le Britannique rejetant la sommation, Rigaud se contente de piller et brûler les installations entourant le fort, avant de retraiter piteusement quelques jours plus tard... L'échec de cette expédition est très mal perçu par de nombreux officiers français comme Bougainville, qui critique sèchement le comportement de Rigaud et de ses subalternes: "Le sommé et le sommant ignoraient qu'une escalade est une action de surprise. C'est que pour ne pas être ridicule à la guerre, il ne suffit pas d'être homme d'esprit". Le fiasco de William-Henry de l'hiver 1757 reste la seule occurrence d'une utilisation (ou plutôt ici d'une tentative d'utilisation) de l'escalade, les autres "sièges" reprenant le modèle "à la Vauban".

Voilà pour aujourd'hui, n'hésitez pas à me poser vos questions, et à bientôt pour un nouveau billet historique!
Michel Thévenin





jeudi 10 janvier 2019

Combien de temps dure un siège aux 17e et 18e siècles?

Bonjour à toutes et à tous!

Vous l'aurez remarqué à la lecture de mes différents articles, mes recherches sur la guerre au 18e siècle (guerre de siège comme guerre en dentelles) laissent une part importante à des considérations théoriques entourant la pratique de cette forme de guerre, dépassant ainsi le simple récit événementiel des combats.

Après vous avoir dans ce sens présenté mes réflexions quant aux nombreuses définitions du siège au 18e siècle, je vous expose maintenant une autre observation plus "générale" de la guerre de siège. Une question m'est effectivement apparue lors de mes recherches de maîtrise: combien de temps dure un siège? Cette question m'a mené à m'intéresser à la durée d'un siège, en Europe comme en Amérique, mais également à apporter un complément aux définitions du siège que j'avais rencontrées dans les dictionnaires du 18e siècle.

Je vous ai fait part dans un précédent article de l'influence qu'a eu l'ingénieur français Vauban sur la guerre de siège de la fin du 17e siècle, et du modèle du siège "idéal" qu'il a théorisé pour Louis XIV. Ce modèle de siège scientifique prôné par Vauban offrait à l'assiégeant un avantage décisif face à la complexité toujours plus accrue des systèmes de fortifications, en plus de garantir une certaine économie en vies humaines. En revanche, il nécessitait la mobilisation de moyens extrêmement conséquents sur les plans matériels et humains. Vauban considérait par exemple qu'un ratio de dix assiégeants pour un assiégé était requis, ce qui entraînait la formation (et l'entretien) d'effectifs particulièrement élevés. 

De même, l'approche méthodique de la place se faisait au moyen de lents et lourds travaux de sièges. Vauban estimait ainsi que la réalisation de l'ensemble des douze étapes de son siège idéal nécessitait 48 jours. Il faut cependant noter qu'il s'agit là d'un modèle théorique, dont les résultats diffèrent d'une situation à une autre. Dépendamment de la nature du terrain sur lequel les travaux de siège sont effectués, ou de la vigueur de la résistance de la garnison assiégée, la durée des sièges "à la Vauban" peut varier de manière considérable. Dans les dernières décennies du 17e siècle, les nombreux sièges menés par l'armée de Louis XIV (dont plusieurs sont dirigés par Vauban lui-même) durent en moyenne entre quatre et huit semaines. Paradoxalement, le siège d'Ath (Belgique) en 1697, que Vauban considère comme son chef d'oeuvre, celui se rapprochant le plus de son modèle théorique, est l'un des plus courts de la période (13 jours).


Plan du siège d'Ath, le 26 mai 1697 (plan de 1697, disponible sur Gallica)

La lenteur des opérations de siège requises par le modèle de Vauban a cependant rapidement été critiquée, tant en France que dans le reste de l'Europe. Le modèle proposé par Vauban a en effet "ralenti" la guerre de siège, faisant passer la durée moyenne des sièges de 32 jours au début de la guerre de Hollande (1672) à 43 jours au commencement de la guerre de Succession d'Espagne (1701). Le grand rival de Vauban, l'ingénieur hollandais Menno Van Coehoorn, propose alors une solution destinée à réduire la durée des sièges. Il reconnaît certes les avantages de la pensée méthodique de Vauban et l'utilité incontestable des travaux de sièges, au premier rang desquels l'usage des tranchées parallèles, critiquant seulement la lenteur de leur réalisation. Il privilégie la rapidité dans l'action, et suggère de se porter aussi tôt que possible et en force sur le point le plus fort de la place assiégée, ce qui entraînerait un effet de surprise en plus de faire forte impression sur la garnison. Coehoorn mise sur une nette supériorité du feu de l'assiégeant, et utilise donc un bombardement massif, prélude à un ou plusieurs assauts souvent sanglants.


Portrait du baron Menno Van Coehoorn, (entre 1700 et 1705),
attribué à Caspar Netscher, Rijksmuseum, Amsterdam

La méthode de Coehoorn était donc plus soucieuse d'une économie de temps que de vies humaines que celle de Vauban. Mais "l'attaque brusquée" à la Coehoorn n'était pas toujours gage de gain de temps comparée à "l'attaque pied-à-pied" de Vauban, comme le montre le double exemple des deux sièges subis par la ville de Namur pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1689-1697). En 1692, en présence de Louis XIV, Vauban assiège et prend la ville fortifiée et défendue par ... Coehoorn, après un mois de siège (il s'agit là de la seule confrontation directe entre les deux talentueux ingénieurs). Trois ans plus tard, Coehoorn reprend la ville, qui se rend après deux mois de siège et au prix de plus de 12 000 morts dans l'armée assiégeante.


Le siège de Namur, 30 juin 1692, par Jean-Baptiste Martin, 1693,
Collections du Château de Versailles

Vauban a beau qualifier de "bestiales" et d'oeuvres de "gens très ignorants des sièges" les attaques menées par Coehoorn, l'idée d'une réduction de la durée des sièges va séduire un nombre grandissant de généraux à partir du début du 18e siècle. La guerre de Succession d'Espagne (1701-1713) voit le début d'une certaine "accélération" de la guerre de siège, plusieurs généraux, notamment français, n'hésitant pas à privilégier l'usage de l'attaque en force à la Coehoorn. C'est le cas par exemple du maréchal de Villars qui, en 1703, s'empare en 12 jours de la ville allemande de Kehl, là où Vauban préconisait un siège de 39 jours.

Malgré la persistance de certains sièges très longs (comme celui de la citadelle de Lille en 1708,où la garnison française du maréchal de Boufflers ne capitule qu'après une résistance de six mois ayant coûté 14 000 hommes aux assiégeants), la première moitié du 18e siècle confirme la volonté des généraux "d'accélérer" la guerre de siège. Ils sont aidés en cela par les progrès de l'artillerie, de plus en plus à même de percer rapidement les fortifications, alors que dans le même temps diminue la pratique de l'assaut, les garnisons se rendant le plus souvent à l'ouverture de la brèche.

La guerre de Succession d'Autriche (1740-1748) est l'exemple parfait de cette accélération de la guerre de siège. Au cours de mes recherches de maîtrise, je suis tombé sur un document particulièrement intéressant. En 1750, deux officiers réunissent en un seul document les plans et journaux des 24 sièges menés par l'armée française dans les Pays-Bas autrichiens (actuelle Belgique) entre 1744 et 1748, auxquels ils joignent un tableau récapitulatif:





Ce tableau montre que la durée moyenne de ces 24 sièges menés en Flandre (le terrain par excellence de la guerre de siège aux 17e et 18e siècles) est de 11 jours de tranchée ouverte. Une petite précision s'impose concernant les définitions du siège; l'expression "jours de tranchée ouverte" fait référence à la phase "active" d'un siège, c'est-à-dire celle des travaux d'approche et de bombardement de la place. S'il existe quelques divergences dans les différents journaux de siège, la plupart des auteurs du 18e siècle s'accordent pour faire débuter un siège aux premiers coups de pelles, généralement ceux de l'ouverture de la tranchée, plus rarement ceux de l'élévation des premières batteries d'artillerie. Les premières phases du siège tel que décrit par Vauban (arrivée de l'armée, investissement de la place, reconnaissances par les ingénieurs) n'appartiennent donc pas au "moment" du siège, quoiqu'elles en soient indissociables. Le résultat en est que les dates retenues pour le début d'un siège peuvent varier. Ici, pour l'exemple des sièges dans les Flandres entre 1744 et 1748, les auteurs s'entendent pour faire débuter le siège à l'ouverture de la tranchée. La moyenne de 11 jours de siège prend en compte deux sièges bien plus longs que les autres, celui de Tournai (1745) de 41 jours, et surtout celui de Berg-op-Zoom (1747) de 64 jours... En enlevant ces deux sièges anormalement longs pour l'époque, la moyenne des 22 autres sièges tombe à 7 jours de tranchée ouverte. Huit de ces 22 sièges ont cependant duré entre diz et vingt jours, quand onze autres ont duré cinq jours ou moins. La durée "normale" d'un siège au milieu du 18e siècle peut donc être estimée d'une à trois semaines. On est bien loin des 43 jours de moyenne au début du siècle... Pour aller dans ce sens, au début de la guerre de Sept Ans en Europe, en 1756, le siège de Minorque par les Français est lui aussi jugé extrêmement long par les contemporains, les assiégés capitulant le 28 juin, alors que les travaux de siège avaient débuté le 8 mai...

Siège de Tournai, 14 mai 1745, Pierre-Nicolas Lenfant,
Collections du Château de Versailles

En m'inspirant du tableau de 1750 sur les sièges dans les Flandres, j'ai cherché à savoir combien de temps duraient les sièges européens en Nouvelle-France pendant la guerre de Sept Ans. En excluant le siège de Québec de 1759 (dont la situation particulière méritera un article à part), la durée moyenne des 10 autres sièges s'élève à 12 jours de tranchée ouverte, moyenne qui retombe à 8 jours en ne prenant pas en compte le siège de Louisbourg de 1758, qui voit 45 jours séparer les premiers travaux de sièges britanniques de la reddition de la ville.

Cette moyenne, je tiens à le rappeler, ne concerne que la phase active du siège, mettant de côté les phases préparatoires de celui-ci. En prenant en compte celles-ci, les chiffres peuvent légèrement changer. Par exemple, le siège du fort William-Henry par l'armée de Montcalm en 1757 est traditionnellement daté du 3 au 9 août. Or, s'il est vrai que l'armée française arrive en vue du fort le 3 août, les travaux de siège ne débutent qu'au soir du 4 août. Au siège des forts de Chouaguen/Oswego en 1756, les troupes de Montcalm débarquent près des forts britanniques le 10 août, mais la tranchée n'est ouverte que le 12 août au soir. La principale raison de ce "retard" est l'incident ayant causé la mort de l'ingénieur militaire Lombard de Combles, ayant entraîné de nouvelles reconnaissances et de nouveaux plans pour la tenue des travaux du siège. De même, après la capitulation de la colonie, un certificat signé de la main du gouverneur Vaudreuil félicite Pierre Pouchot pour avoir soutenu au fort Niagara 19 jours de siège, et pour avoir résisté pendant 11 jours aux Britanniques lors du siège du fort Lévis. L'examen des sources permet, sans ôter à Pouchot le mérite qui lui revient pour une défense acharnée dans les deux cas, de réduire la durée du siège à respectivement 17 et 6 jours de tranchée ouverte.

Voilà qui clôt cet article (dense, je le confesse). N'hésitez pas à poser vos questions en commentaires, sur Facebook ou par le formulaire de contact de ce blogue.

À bientôt pour de nouveaux billets historiques!

Michel Thévenin


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mardi 1 janvier 2019

Les sièges "européens" en Nouvelle-France pendant la guerre de Sept Ans

Bonjour à toutes et à tous, et bonne année!

Aujourd'hui, je vous propose un article qui vient en quelque sorte compléter le dernier, qui explicitait le modèle européen de la guerre de siège tel que théorisé par Vauban à la fin du 17e siècle.

Comme je l'ai déjà précisé, je me suis intéressé lors de ma maîtrise à la guerre de siège en Nouvelle-France pendant la guerre de Sept Ans (plus connue au Québec sous le nom de guerre de la Conquête). Le coeur de ma réflexion était de confronter ce modèle de la guerre de siège "à l'européenne" aux réalités du contexte nord-américain, et de voir dans quelle mesure les officiers français et britanniques ont du (ou non) adapter ce modèle.

Gravure tirée de Éléments de la guerre des sièges, ou traité de l'artillerie, de l'attaque
 et de la défense des places, Guillaume Le Blond, 1743.

Pour ce faire, une étape importante fut de recenser les combats qui répondent à la définition de ce modèle de guerre de siège "européenne". Une petite précision s'impose: au milieu du 18e siècle, rares sont les sièges qui respectent scrupuleusement les douze étapes du siège idéal "à la Vauban": la guerre de siège a connu une certaine "accélération" depuis la fin du 17e siècle, grâce notamment aux progrès de l'artillerie (un prochain article me permettra de détailler cette accélération de la guerre de siège). Il n'en demeure pas moins que la plupart des sièges européens du 18e siècle reprennent le schéma proposé par Vauban (tranchées, parallèles, batteries d'artillerie, ...). C'est à la lumière de ces considérations que j'ai pu identifier les sièges en Nouvelle-France s'inscrivant dans ce modèle "européen" de la guerre de siège. La liste des principaux affrontements du conflit a certes déjà été établie par plusieurs historiens. Il m'a cependant fallu creuser dans les relations de ces combats (que ce soit dans les journaux militaires des officiers ou dans leurs correspondances militaires ou personnelles) à la recherche des termes appartenant au vocabulaire de la guerre de siège, afin d'identifier avec précision les sièges nord-américains répondant au modèle alors en vigueur en Europe. Par exemple, le 30 avril 1760, soit deux jours après sa victoire sur les Britanniques à la bataille de Sainte-Foy, le chevalier de Lévis écrit au marquis de Vaudreuil: "J'ai l'honneur de vous rendre compte que nous avons ouvert la tranchée la nuit dernière", prévenant ainsi le gouverneur de la Nouvelle-France du commencement du siège de Québec par l'armée française...  

J'ai ainsi réussi à identifier onze sièges en Amérique du Nord lors de cette guerre menés selon le modèle européen:

- Fort Beauséjour (Acadie), 1755;
- Forts Chouaguen/Oswego (actuelle ville d'Oswego, État de New York), 1756;
- Fort William-Henry (Lake George, État de New York), 1757;
- Louisbourg (Île du Cap Breton), 1758;
- Fort Frontenac (Kingston, Ontario), 1758;
- Fort Niagara (Yougstowne, État de New York), 1759;
- Fort Carillon (Ticonderoga, État de New York), 1759;
- Québec, 1759;
- Québec, 1760;
- Fort Lévis (sur une île actuellement immergée, non loin d'Ogdensburg, État de New York), 1760;
- Fort de l'Isle-aux-Noix (actuel lieu historique national du fort Lennox, province de Québec), 1760.

Je ne rentrerai pas dans le détail de chacun de ces sièges, car j'aurai l'occasion de présenter différents aspects de certains sièges dans d'autres articles. Je me contenterai donc de remarques générales sur ces onze sièges nord-américains.

Tout d'abord, de ces onze sièges, seuls trois sont menés par l'armée française sur des places britanniques (Chouaguen 1756, William Henry 1757, Québec 1760), les huit autres voyant les Français dans le rôle d'assiégés. Le faible nombre de sièges "offensifs" menés par les Français et leurs dates (deux sur trois ont lieu au début du conflit) illustrent le net ascendant acquis par les Britanniques en Amérique à partir de 1758, l'apport de troupes toujours plus nombreuses leur permettant de prendre le contrôle des opérations et de resserrer progressivement l'étau sur la Nouvelle-France, jusqu'à la capitulation de Montréal du 8 septembre 1760.

Plan britannique du siège du fort Niagara en 1759, 
tiré de A set of Plans and Forts in America, Reduced from Actual Surveys, 1765.

Ces sièges respectent le schéma européen hérité de Vauban, avec une ou plusieurs reconnaissances effectuées par les ingénieurs (dont celle fatale à l'ingénieur de Combles), suivies de l'ouverture de la tranchée et des différents travaux de sièges, accompagnés de l'établissement de batteries d'artillerie destinées à battre en brèche les fortifications assiégées. Aucun de ces sièges ne se termine cependant par un assaut d'infanterie permettant d'emporter la place. Loin de contrevenir au modèle européen de la guerre de siège, cette absence d'assaut répond à la raréfaction de cette pratique observée en Europe depuis la fin de la guerre de Succession d'Espagne (1701-1713). Comme je l'ai brièvement évoqué plus haut, la guerre de siège a connu une certaine "accélération", et la plupart des garnisons capitulent désormais après l'ouverture de la brèche, avant que l'assaut soit donné par les assiégeants.

Attaques du fort William-Henry en Amérique par les troupes françaises 
aux ordres du Marquis de Montcalm, Bibliothèque et Archives Nationales du Canada

Le modèle de siège théorisé par Vauban ne laissait que peu de chances aux assiégés de sortir victorieux d'un siège. Cette tendance se confirme en Amérique lors de la guerre de Sept Ans, puisque des onze sièges, un seul voit l'échec des assiégeants. L'arrivée de renforts britanniques sur le Saint-Laurent en mai 1760 force en effet le chevalier de Lévis à lever le siège de Québec, sans avoir pu s'emparer de la place...

En définitive, alors qu'à première vue, on pourrait s'attendre à une impossibilité d'appliquer la guerre de siège européenne au contexte nord-américain (nature du terrain, distances, communications, faiblesse numérique des armées en comparaison de l'Europe, ...), le principal résultat de ma recherche de maîtrise fut de montrer qu'au contraire, malgré les difficultés rencontrées en Amérique du Nord, les officiers européens ont réussi à imposer une pratique européenne de la guerre de siège. Seuls quelques traits mineurs dans le déroulement des sièges en Nouvelle-France diffèrent de ceux ayant lieu en Europe. La principale de ces légères modifications est l'impossibilité pour les assiégeants, qu'ils soient français ou britanniques, d'investir complètement le fort ou la ville au début du siège, du fait de la faiblesse des effectifs engagés (quelques milliers d'hommes au mieux, quand les armées de siège en Europe s'élèvent à plusieurs dizaines de milliers de combattants). Lors du siège de William-Henry en août 1757, Louis-Antoine de Bougainville notait "qu'il était de toute impossibilité d'investir entièrement la place". Si les théoriciens militaires en Europe notaient le danger de ne pas investir la place assiégée, et donc de permettre à sa garnison de recevoir des secours permettant d'étirer le siège, la distance séparant en Amérique les différents forts et postes rend cette considération nettement moins préoccupante pour les officiers chargés de diriger les sièges.

Voilà pour aujourd'hui, à bientôt pour de nouveaux billets historiques!
Michel Thévenin